Les pêcheurs utilisent les nouvelles technologies ! Il existe un nombre impressionnant de sites français et étrangers qui décrivent des techniques de pêche basées sur l’usage de drones volants. Les méthodes d’assistance à la pêche par drone sont diverses. Il est possible, par exemple, d’emporter un sonar et de se poser à la surface pour détecter les bancs de poissons. Mais l’usage le plus répandu est le largage d’une ligne pour profiter d’une sorte de canne à pêche longue distance. Sachez que la réglementation européenne, adoptée le 1er janvier 2021, peut changer la donne selon l’usage…
Avant de vous lancer…
Tant qu’il n’y a pas de largage, l’usage d’un drone en catégorie Ouverte (la moins gourmande en requis) est possible sous réserve de respecter les règles de cette catégorie. Il faut voler en vue directe du pilote (ou d’un observateur dans le cas de vols en immersion). Il faut évoluer hors des agglomérations. Attention : les fleuves, les rivières et les plages en agglomération sont interdits de vol, et ce même si les cartes Geoportail indiquent le contraire (voir la capture).
Attention aux vols en mer !
Notez qu’une immense partie de l’espace au-dessus de la mer est interdite en France (voir la capture de Geoportail montrant la France entière) Il faut voler de jour et hors des zones d’emprises notées sur Geoportail ou d’autres services comme Drone-Spot, Mach 7 Drone, DroneKeeper, FlyBy ou Clearance. Il faut aussi respecter une distance aux personnes et aux bâtiments, qui dépend des caractéristiques du drone. L’intégralité des requis est à consulter ici.
Et s’il y a largage d’appât ou de ligne ?
Dans ce cas, ça se complique pour pratiquer en catégorie Ouverte… Avant le 1er janvier 2021, en France, il était possible de larguer des charges inférieures à 500 grammes. Il s’agissait de 500 grammes par largage, ce qui permettait de procéder à plusieurs largages pendant un même vol. Au-delà de 500 grammes, le largage n’était autorisé que sur les terrains d’aéromodélisme (où les poissons sont généralement peu nombreux). Mais ça, c’est terminé, depuis que la réglementation européenne est entrée en vigueur.
Les réglementations française et européenne d’après 2021
Depuis le 1er janvier 2021, il est interdit de larguer des charges depuis un drone en catégorie Ouverte, celle qui correspond à un usage de loisir. L’interdiction est exprimée par le règlement d’exécution 2019/947, article 4, f) « pendant le vol, l’aéronef sans équipage à bord […] ne laisse tomber aucune matière ». Elle est valable sur terre comme en mer.
C’est assez clair…
Il n’y a pas plus de seuil à 500 grammes : le largage est totalement interdit, quel que soit le poids de la charge à larguer. Notez qu’il est toujours possible de le pratiquer sur les terrains d’aéromodélisme (mais les poissons y sont toujours aussi peu nombreux). Donc en résumé : en catégorie Ouverte, en France et Outre-Mer, et plus globalement dans les pays membres de l’Union Européenne, la pêche qui utilise un largage (de quoi que ce soit) depuis un drone est interdite.
Mais alors…
Comment faire pour utiliser un drone pour pêcher ? C’est une activité qui est possible, réglementaire parlant, mais pas en catégorie Ouverte. Il faut satisfaire aux requis de la catégorie Spécifique. Pendant la période transitoire de la réglementation française à la version européenne, il faut pratiquer dans le respect des « anciens » scénarios toujours opérationnels, S-1 à S-3, être titulaire d’un Certificat d’Aptitude Théorique de Télépilote (CATT) à passer en centre d’examens, et disposer d’une attestation de suivi de formation délivrée par un organisme de formation. Ou procéder à une étude de risque (SORA) et obtenir une autorisation d’exploitation de la DGAC, ou obtenir un certificat allégé d’exploitant (LUC).
Et puis…
On est très loin de la rapide et indolore formation et son examen en ligne demandés pour pratiquer en catégorie Ouverte. Le reste des requis est à consulter dans le Guide Catégorie Spécifique… et ce n’est pas simple. Ensuite il faut s’occuper des autorisations ou des dérogations, selon l’environnement des vols. Bref, vous l’aurez compris, la catégorie Spécifique est trop exigeante pour un usage de loisir…
Et en pratique ?
Sur le terrain, la constatation est assez simple : les usages des amateurs de pêche qui se sont offerts un drone de largage n’ont rien changé dans leur pratique depuis l’entrée en vigueur de la réglementation européenne. Par ignorance ? Par bravade ? Par habitude ? Sans doute un peu de tout ça. Il faut dire que les revendeurs spécialisés se gardent bien de rappeler les textes concernant le largage, et que les forces de l’ordre ne sont pas toujours au courant de la nouvelle réglementation – ils ont d’autres carpes à fouetter.